Riez donc avec elle!...
Pierre Tosan

LA VACHE FOLLE.

Il y avait, jadis, la petite vérole,
Il y avait la lèpre,
Il y avait le typhus et le choléra;
Le bruit s'est propagé de la grippe espagnole,
Du fléau contagieux du bacille de Koch,
Jusqu'à l'ultravirus de la myxomatose.
Le bruit s'est répandu du sang contaminé,
Le bruit s'est répandu des bovins aux hormones.
La vedette du jour est à la vache folle,
Que la mygale encéphalite spongiose.

La vache était au vert dans son pâtis anglais,
Le ventre bedonnant sur quatre pieds solides.
Comme étonnée de vivre,
Elle roulait ses yeux hagards et globuleux,
Mangeait paisiblement la poudre fatidique,
Beuglait, de ses boyaux, le merci à la vie.
Et la vie souriait à son ventre repu.

Elle ne savait pas la vache.
Le ciel était si clair!
Le champ était si beau! Un rêve d'oasis!
Et son corset d'or-vert émaillé de fleurettes
Aussi frais que la nuit, aussi beau que le jour!
Elle ne savait pas la vache,
Quand elle mâchonnait les luzernes friandes,
Elle ne savait pas la vache,
Quand elle ruminait,
Jouait de ses babines.
Festin de Balthazar!!
Elle ne le savait pas,
Le diable était dans la farine!

Mais le vent qui savait la prit dans ses volutes.
Et la vache et le vent se mirent à valser.
Et plus elle tournait, plus battait la breloque!
Dans cet excès subit de démence farouche.
Tortillant de la croupe et les sabots en l'air,
La vache s'oubliait jusqu'à la frénésie!

Des docteurs éminents du monde occidental,
Décrètent que la vache est propre à l'abattage.
Tout l'escadron bovin doit être exterminé!
Son follet baladeur est un danger pour l'homme!
Qui boira de son lait, contaminé sera.
Qui mangera sa chair, la folie trouvera.

Pauvres bêtes sacrifiées! pour en tirer du sang.
Et tirer de ce sang les brins d'herbes du diable,
Qu'elles ont sans le savoir paisiblement broutés.